27/07/2013
Super-héros, symboles nationaux

Il apparaît ainsi comme nécessaire d’être moins lié que les États-unis aux symboles les plus voyants. Du reste, c’est dans la logique des choses. Le super-héros n’est pas réellement lié à l’État. Il agit dans la marge, dans le secret de la nappe d’éther où baignent les âmes. Aux États-unis, où le système est fédéral et décentralisé, où l’activité humaine est peu nationalisée, le détachement vis-à-vis de la sphère politique va de soi; en France, il ne peut pas en être ainsi. C’est d’ailleurs peut-être pour cette raison que les symboles de la nation française sont abstraits: un État centralisé l’est aussi.
La statue de la Liberté, n’est-ce pas, ne se dresse pas dans la capitale administrative: seulement dans la plus grosse ville du pays. En France, les deux se confondent! De là la différence avec la tour Eiffel.
S’il veut se déployer librement, le super-héros français doit donc éviter ce qui est trop typique, trop consacré - et qui est en même temps trop abstrait.
Cela risque d’être difficile, la culture française tendant presque systématiquement à l’intellectualisme; on ne pourra pas toujours empêcher une certaine dignité excessive, une propension à la métaphysique. Dans le meilleur des cas, comme souvent on l’a vu en Allemagne, cela peut, du reste, apporter un plus. Mais il faut rester vigilant et demeurer conscient de ce qui distingue les Français des Américains: toute mythologie s’appuie sur l’image, tout rêve éveillé, sur la couleur.
23:06 Publié dans Culture | Lien permanent | Commentaires (0) | |
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